jeudi 4 septembre 2008

Nouvelles moins sibyllines

D'aucuns me reprochent de ne pas donner de vraies nouvelles et d'écrire des romans en serbo-croate. Si vous êtes de ceux-là, je vais tâcher d'être plus intelligible, de mieux me partager entre les évasions lyriques et les nouvelles réalistes!

L'Inde depuis deux semaines déjà!
Faut pas se le cacher, il existe des pays plus et moins développées au sens occidental du terme. L'Inde c'est assez crade, des vaches partout, des bouses à tous les 4 pas, des déchets plein les rues (connaissent pas les poubelles), installations électriques et sanitaires encore précaires. Enfin, un sentiment de désordre général par rapport au bien rangé, propre, limpide de nos banlieues nord-américaines.

Mais on voyage pas toujours pour se détendre dans un bain chaud, blanc immaculé, asceptisé, à l'odeur de détergent pour salle de bains. Moi j'ai choisi de voyager pour découvrir une autre culture, une autre civilisation, pour être témoin d'une autre façon de vivre. C'est parfois déroutant, mais je voyage aussi pour être surpris.

Là j'écris ce message avec l'odeur et le bruit d'une génératrice à essence à côté de moi. Elle est tombée en panne tantôt et le gars du cyber-café est allé syphonner l'essence avec sa bouche avant que les batteries des ordinateurs ne soient à court de jus. En redémarrant, j'ai pu humer une autre belle draft de pétrole, la belle vie quoi.

Dix jours au Ladakh je crois, le recoin perdu au fin fond des Himalayas. Il y a quelques années encore, la région la plus pauvre de l'Inde (toujours au sens capitaliste du terme). Aujourd'hui avec le tourisme, l'économie de l'endroit est complètement transformée. L'ancien royaume du Ladakh est entré dans la modernité en l'espace de 30 ans. Nombre de familles ladakhies ont abandonné les champs et transformé leurs maisons en ghesthouses (devenues fortunées par la même occasion) tandis que les agences de tourisme ont proliféré de façon exponentielle.
Dans la capitale, Leh, le palais royal en décombres a fait place à un nombre inimaginable d'agences de trek, de boutiques pour touristes et de restaurants. Y en a tellement qu'on se demande comment ils survivent avec autant de compétition.

Hier j'ai rencontré un couple de québécois des Cantons de l'Est, ils demeurent dans une ghesthouse et paient 35$ la nuit - une somme effarante pour l'Inde, je paie 4$ pour une grande chambre avec vue sur les montagnes enneigées. La famille qui possède la guesthouse possède également un restaurant et une agence de tourisme en ville. Par rapport au revenu moyen d'il y a quelques années, cette famille doit être millionaire. Avec le nombre de touristes prêts à payer 35$ la nuit, les prix n'arrêtent pas d'augmenter et la distortion entre les familles nanties des villes qui profitent de cette manne et celles des villages qui continuent à vivre de la terre est de plus en plus brutale.

Quand on sort un peu de Leh, on se retouve carrément dans l'économie traditionnelle. C'est le temps des récoltes. Tout le monde est aux champs dans les villages. Les familles partent le matin avec grands-parents, enfants et petits-enfants et passent la journée à récolter l'orge et le blé.
Ils font ça avec de petites faucilles, comme les druides dans Asterix, à quatre pattes, en chantant des chansons ou en discutant, avec le thermos de thé jamais très loin.

Je me suis demandé pourquoi pas utiliser une faux ou des équipements un peu plus modernes et je me suis rendu compte que ça a à voir avec leur façon de transporter le blé et l'orge coupé - ils les rassemblent par petits paquets dans leurs mains. Les femmes font ensuite des plus gros paquets de petits paquets qu'elles mettent dans le panier accroché à leur dos pour les ramener au village où ils seront sechés, entreposés puis probablement moulus.

En dehors de Leh, c'est aussi un peu le nouveau Tibet.
J'ai fait les monastères d'est en ouest, beaucoup de moines, énormément d'enfants moines aussi.
Ils sont généralement assez jeunes, 6-10 ans et passent leur temps à niaiser pendant les pujas.
Je vais en reparler dès que je pourrai poster des photos.

Je n'ai pas voyagé seul jusqu'ici au Ladakh, on s'est accompagnés, moi et Louise. Mais elle est repartie en France aujourd'hui, je me retrouve donc en solitaire pour la première fois depuis 10 jours.
Je suis malade également, le rhume ou la grippe, je sais pas. Je me repose toute la journée puisque demain je pars en randonnée pour 5 jours.
C'est un trajet bien connu dans la région, presque rendu une autoroute de trekkeurs.
Des détails au retour.

Sachez cependant que si en plus de l'équipement, de la jeep pour se rendre à Lamayuru, des mules pour le trasport, de la nourriture, des cuisiniers, des aides-cuisiniers, des guides et des types pour monter les tentes, vous voulez un cheval pour vous reposer tout en continuant d'avancer, il vous en coûtera que 1,50$ par jour en plus!

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