Histoires ferroviaires 2
J'ouvre les yeux et les images bougent au rythme du ballotement du train. C'est le matin par la fenêtre, un épais brouillard dresse un mur des deux côtés du wagon, le convoi avance dans ce tunnel vaporeux, il navigue dans une mer d'écume en direction d'une destination imperceptible.
Devant la fenêtre, le vieil homme est toujours recroquevillé dans un coin de la couchette où dort sa femme. Je le surprends pendant sa prière, les mains jointes sur le front à psalmodier ce que je crois être des mantras dans la brume de mon réveil.
Sur la couchette au-dessus de lui, deux femmes dorment dans des positions impossibles. La première est grasse, le visage brûlé par le soleil, la peau flasque et les vêtements sales alors que la seconde est petite, les cheveux en tresses, de grosses lunettes rondes reposant sur son petit visage ridé et éfilé.
Mais de là où je suis, les deux femmes partagent le même corps. Emboîtées l'une contre l'autre, je n'arrive pas à distinguer à qui appartient le bouquet de quatre pieds qui dépasse de la couchette. Autour de moi, mes cinq amis dorment profondément, seuls dans leurs couchettes capitonnées de bleu.
Je détourne à nouveau mon regard vers les indiens en face. Je les observe un long moment avant de refermer les yeux sur le brouillard d'un nouveau sommeil.
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