Dalaï Lama
Il se dirige vers nous. Le temple entier est plongé dans le silence le plus complet. Plus de mille personnes de toutes nationalités et de toutes confessions gardent le plus respectueux des silences. À genoux, accroupis, en position de vénération, debout et penchés, tous attendent son passage avec une fébrilité qui m'emporte dans son flot d'espérances, de dévotions et d'anxiété.
La procession commence, les gardes du corps armés de fusils mitrailleurs, les quelques chancheux fidèles portant encens et foulards tibétains dans leurs mains, les quelques vieux lamas respectables et respectés et les quelques photographes triés sur le volet défilent devant nous à toute vitesse.
Ils doivent ralentir, le Dalaï Lama prend son temps. Le dos courbé, les yeux vifs derrière ses lunettes à grosses montures, recouvert d'une soutane d'un jaune éclatant, il s'avance lentement, se tourne à gauche et à droite pour regarder les gens dans les yeux et leur offrir un sourire bon enfant.
La foule est fébrile, en extase. Autour de moi, des soupirs, des exclamations, des tremblements et des pleurs. Cette énergie est contagieuse, une intense émotion prend racine dans ma poitrine, j'ai moi aussi envie de pleurer de joie. Je me sens émerveillé, j'ai l'impression de vivre un moment unique et privilégié.
J'oublie l'heure et demie passée à écouter un cours complexe en tibétain.
J'oublie la traduction anglaise boiteuse et obscure.
J'oublie le temps passé à capter la bonne fréquence sur une radio à 100 roupies.
J'oublie mon bras rendu exangue après avoir tenu la radio à bout de bras sans bouger pour éviter les interférences.
J'oublie mes jambes engourdies, étranglées par la foule tout autour de moi.
Cette seule minute aura suffi pour me convaincre de revenir demain.
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