jeudi 21 août 2008

Arnaque #1 (pas que je m'attends à en avoir d'autres mais...)

Deux heures du matin, aéroport de Delhi. Il fait chaud, les vêtements collent à la peau et ça laisse des marques sous les bretelles du sac à dos. Le décalage horaire pèse, près de 13 heures de voyage, 9 de décalage. L'impression d'avoir sauté les 24 dernières heures de ma vie (et c'est le cas d'ailleurs). Le regard hagard, épuisé, l'air complètement gaga, je suis debout devant le guichet de taxis pré-payés de Delhi depuis un bon quinze minutes. La parfaite mise en scène pour une première arnaque.

L'indien arrive et passe par derrière la petite boîte pour entrer dans son cabinet. Après les questions usuelles, il annonce le tarif pour le trajet jusqu'à Pahar Ganj (Main Bazar) : 300 roupies.
Les poches chargées de billets de 500 (les gars du bureau de change sont probablement de connivence), je le lui en remets un pour effectuer le paiement.
Assis derrière le comptoir, sur un tabouret, il affiche un visage d'enfant qui s'apprête à jouer un mauvais coup et qui se demande si on va l'attraper.
Il laisse tomber rapidement le billet de banque sur ses genoux et me montre un billet de 100 roupies.

"I said three hundred rupeeeeeees sir!"

Minute bonhomme, tu me la fais pas à moi celle-là, je l'ai lue dans le Routard celle-là, et dans le Lonely Planet aussi et sur plein de forums encore!
Enfin, on a beau s'y attendre, savoir que l'arnaque existe, le vivre c'est une autre paire de manches. On doute pareil, on se demande pareil si on s'est pas trompé parce que dans le fond on a pas vraiment vérifié si c'était un billet de 500 roupies et que vingt minutes plus tôt on avait jamais vu ça de sa vie ce genre de billet-là.

"I gave you five hundred rupees, i'm pretty sure"

Le voilà qui dodeline de la tête à tout va. Il veut dire à la fois oui et non. Il est visiblement mal à l'aise et partagé entre l'idée de ne pas perdre la face et celle d'avoir été pris en flagrant délit. Il choisit comme solution de faire comme si rien n'était, comme s'il ne s'était jamais rien produit.
Il me tend alors le change correct, un peu dépité.

Et c'est à ce moment-là que le désir de justice se réveille. Je peux prendre les deux billets ou m'indigner.
Je peux me taire ou porter plainte.
Je peux laisser l'arnaque se reproduire avec un voyageur moins avisé ou m'insurger.
Je peux cautionner ou faire renvoyer le guichetier véreux.
Je peux partir ou mettre de l'ordre dans les taxis pré-payés de l'aéroport de Delhi.
Je DOIS appeler la police!

Je sais pas si c'est la fatigue ou si c'est le logo de la "Delhi Traffic Police Pre-Paid Taxi Service" - "WE WANT YOU SAFE" qui m'a découragé mais j'ai pris l'argent et j'ai dit merci.

1 commentaire:

api a dit...

Hahahaha!
J'adore tes histoires d'arnaque.
Garde l'oeil ouvert.