lundi 10 novembre 2008

Annapurna Base Camp

Au rang des expériences éprouvantes que j'ai traversées jusqu'ici, le trek jusqu'à l'Annapurna Base Camp (ABC) s'est révélé le plus difficile. Pas de corniches meurtrières, de météo apocalyptique, de chutes dévastatrices, juste un constant et intense effort physique, gravissant 2130 mètres de marches de pierres et de chemins de terre d'un village ou d'un campement à l'autre jusqu'aux gorges profondes des montagnes.

L'impression, dès le premier jour, de disparaître de la surface de la Terre. Perdre contact avec toute chose au-delà de quelques kilomètres autour de soi, le globe se retrouvant réduit à ce minuscule cercle. Aucune route, aucun véhicule, que des chemins et ses pieds pour se perdre chaque jour plus profondément dans le lointain et l'isolé, sachant que chaque foulée nous éloigne davantage de la civilisation et nous rapproche davantage des étoiles.

Contempler des heures durant le ciel à chaque nuit plus noir et les étoiles chaque fois plus brillantes au dessus du spectre des montagnes. Un spectre vertigineux, ligne d'horizon qui sépare les cieux et la vallée, à partir duquel les astres les plus brillants se réflètent dans les lumières éparses des villages.

Marcher en bordure des champs qui découpent les flancs de montagnes en larges escaliers. À contempler cette fois les sommets bien visibles et flamboyants qui défilent dans le lointain vers lequel nous nous dirigeons. Traversant les quatre saisons : de l'été humide des jungles tropicales et des forêts de bambou à l'hiver statique des mousses et de la rocaille, des boues qui couinent sous nous semelles aux glaces qui craquent au fil de nos pas, des feuilles verdoyantes de sève aux tapis rougeâtres de l'automne, des neiges fondantes aux sols gelés du petit matin.

La rivière dégivre sous nous yeux et s'écoule dans le torrent que nous avons suivi cinq jours durant jusqu'au coeur des montagnes.

Se retourner et contempler la moraine profonde qui se creuse jusqu'à la vallée, heurter du regard le mur compact des montagnes au détour de cette gorge et avoir l'impression, levant les yeux, que cette image se prolonge jusqu'à l'infini. Avoir l'envie de pleurer, devant l'immensité, la démesure, l'oeuvre titanesque de la nature.

1 commentaire:

Anonyme a dit...

Filho, Que lindo reencontro consigo mesmo.
Te adoro!